Prise dans le tourbillon de mille et une pensée à la lecture de cette hypothèque qui la pendait au nez, le masque de Paul se fissura. Ce mariage qu’il avait su rendre féerique, ces attentions qu’il ne cessait de faire à son attention, cette disponibilité de tous les instants défilèrent devant elle et le malaise qu’elle éprouva la fit perdre pied.
Comment avait-il pu la duper aussi longtemps ? Pourquoi elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter ça… Autant de questions qui l’assaillaient de toute part. Cette histoire, son histoire avec Paul avait commencé avec de la prudence, elle avait pris soin de mettre la raison en avant, souhaitant construire une relation comme elle l’entendait et en rêvait. À quel moment, la passion et l’enthousiasme général avaient pris le dessus, elle ne s’en rappelait pas, elle ne saurait pas dire comment elle s’était laissé aller chez cet homme qui aujourd’hui la poignardait en pleine poitrine.
Dans ces groupes de discussion réservée aux femmes, les histoires de panthères qui plument les hommes sans ménagement, elle s’en était offusqué car ne partageant pas cette façon de faire. Elle prenait la parole chaque fois qu’elle le jugeait nécessaire pour défendre les valeurs auxquelles elle croyait et appelait à plus d’humanisme de la part de celles qui avaient mis l’argent au-dessus de toute considération. Elle était loin de se douter que Paul cachait bien son jeu et la vérité se préparait à faire grand bruit. Les fissures du masque se préparaient à tomber les unes après les autres.
Elle s’est fait porter malade ce matin-là, trop perturbée par les évènements des jours précédents. On sonna à la porte et elle y alla, car elle se dégourdissait les jambes après sa séance de vélo elliptique. On sonna à la porte et elle y alla, car elle se dégourdissait les jambes après sa séance de vélo elliptique. Après son départ, elle ouvra le courrier et elle était face à un rappel de créances impayées pour une montant qui la fit perdre pied. Du masque, tomba le mensonge que Paul entretenait en détruisant les courriers qu’il recevait.
Prise de panique, elle chercha son téléphone pour appeler son gestionnaire de patrimoine qui lui dressa un tableau bien sombre de ses finances. Elle s’affala sur le premier canapé et devient blême. Sa femme de chambre, qui passait par là, fut effrayé et couru servir un verre d’eau à sa patronne. En voulant compatir, elle se laissa aller et lui dit comment, c’est bien qu’elle soit à la maison ce jour-là, car Monsieur quand il est là, s’il n’est pas avec une autre femme, il court après elle et elle ne sait plus quel saint prier. La duperie fit voler en éclats une partie du masque qui fut privé de ses fondations.
Malgré les coups de massue, elle voulait comprendre. Dans ces moments, elle se confiait à son frère qui avait une grande capacité d’écoute. Il est enquêteur dans une brigade spéciale de lutte contre les flux financiers illicites. Il écouta attentivement et proposa qu’elle ne fasse pas d’esclandre, elle devait s’expliquer de vive voix avec lui, munie des documents qu’elle avait en possession à son retour à la maison, elle lui dit qu’elle ne s’en sentait pas capable, il lui proposa de passer et d’assister pour la soutenir. Le dernier morceau qui tomba laissa la place à un pervers narcissique et violent, non-content de l’avoir entraînée dans une situation financière délicate, il en éprouvait un certain plaisir couplé de propos arrogants et une attitude violente qui ne laissait aucun doute quant à un scénario préparé de longue date. Sa colère, qui explosa devant les preuves qui l’accablait, obligea le frère à intervenir pour le maîtriser. Et tandis qu’il l’amenait dans son véhicule pour le faire sortir, Kouna tomba à genoux, le regard perdu dans le vide, elle éclata en sanglots.