À l’âge de 15 ans, il commença à ressentir des sentiments pour cette jeune fille d’un teint noir d’ébène, qui avait toujours été là pour lui durant toute ces années.
Il ne le savait pas encore, mais il était à un tournant de sa vie, dans les jours, semaines et mois à venir, il devra choisir. Pour le moment, il vaquait tranquillement entre ses études dans cette prestigieuse école de sciences et les leçons sur le savoir vivre.
Le jeune maître était brillant et promu à un avenir tout tracé dans cette bourgeoisie qui vivait de fastes et luxes. Il avait toujours été nourri d’attentions de ses parents, quand ils avaient du temps, mais principalement de ses servantes qui étaient là pour trouver une réponse à la moindre de ses sollicitations.
L’été frappait à la porte et le gazouillis des oiseaux dans le parc le mettait de bonne humeur. Il avait l’esprit vif et aimait laisser voyager son esprit dans mille et une pensée. Depuis quelque temps, quelque chose avait changé en lui, il ressentait de l’attirance, son corps renvoyait des signaux, des sensations qui lui étaient étrangers. Ce matin-là, il ne l’a pas regardé comme un objet qui est à sa place, il a été troublé par la courbure de ses reins qui se dessinait sous sa robe de service, le noir de sa peau qui contrastait avec le blanc de son chemisier, les lèvres pulpeuses qui étaient les siennes et cette poitrine généreuse qui pointait à l’horizon, un frisson couru le long de son corps et il en eut une érection suivi d’une éjaculation qui jeta le trouble dans son esprit.
Le petit maître venait de tomber amoureux et il était loin de se douter que l’amour a une définition qui est différente de part sa position sociale.
Il en toucha de manière innocente au majordome l’état dans lequel il était, celui-ci s’empressa de le rapporter à la maîtresse de maison. Sa réaction brisa le miroir de verre du jeune maître.
Comment ose telle ? Ne devrait-elle pas s’effacer devant le petit-maître ? N’exister que pour répondre à ses attentes ? Autant de questions qui taraudaient son esprit et l’angoissaient. Deux jours plus tard, celle qui avait toujours été là pour son service était vendue sur le marché aux esclaves meurtri dans sa chair pour un crime qui lui était reproché. La maîtresse avait pris elle-même le soin de la livrer à ses gardes afin qu’ils en abusent jusqu’à satiété.
Le jeune maître ce matin-là, se réveilla de bonne humeur et posa le regard vers celle qui le troublait, mais elle n’y était plus, il ne se posa pas plus de questions pensant la revoir plus tard, il arrivait qu’elle soit affectée à d’autres tâches. Dans la journée, le majordome l’informa, que le dîner sera avec ses parents et un invité donc il voulait qu’il suive les leçons. Le petit-maître en était ravi et il passa sa journée dans une quiétude qui prête à la saison.
Cette nuit-là, il ne trouva pas le sommeil, tout retourné par les idées développées durant le repas, elles allaient toute en l’encontre de ce qu’on lui avait enseigné jusqu’à présent. Une idée le dérangeait particulièrement : « C’est des sous-hommes qui n’ont à avoir de considération de notre part. Ils n’existent que pour nous servir et nous faire prospérer », autant de choses piétinaient toutes ces leçons sur la science humaine. Le matin, il sut qu’il ne verra plus celle qui le mettait en émoi et il en vomi.
Commença pour le jeune maître un chamboulement qui fit de lui, quelques années plus tard, un fervent défenseur du droit à la vie dans un monde qui, met le profit économique au-dessus de l’humanité.
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