Amassés prêt de l’embarcadère, ils scrutent non mieux, dissèquent du regard, l’arrivée de la chaloupe et surtout son contenu. En cette période de la fête de la Tabaski, les moutons prennent aussi la mer.
20-25 minutes c’est le temps de la traversée, le temps pour Moussa de sombrer dans la tristesse et la honte tandis que Karim fera le fier auprès de ses potes exhibant avec beaucoup de joie le mouton que son père a ramené de Dakar. Dans la tête des ces enfants, la Tabaski rime avec la fête mais surtout qui a le droit de parole ou qui doit mettre la queue entre ses jambes car, le mouton qui a été vu de tous, défini ta place dans la communauté.
Le drame se joue dans le manque d’éducation, du sens de cette fête qui chaque année est commémorée par la communauté musulmane à travers le monde. Moussa, Karim et les nombreux garçons de l’île associent la taille du mouton à une fête belle et réussie, des honneurs et le droit de parole dans la communauté.
Moussa est triste à l’approche de la fête, il s’est renfermé sur lui, à chaque apparition, il est traité de non capable mais que peux faire Moussa ? C’est son papa qui a choisi le mouton, il l’a fait en fonction de ses moyens et priorités. Moussa ne comprends pas encore et d’ailleurs, Karim et les autres, que la priorité des parents à cette veille de rentrée scolaire est de leur assurer un avenir.
Moussa ne déambulant plus dans les rues, plein de vie et de spontanéité s’est vite fait remarquer de l’imam qui, s’est approché de lui afin de connaître ce qui ne va chez le jeune garçon. Moussa les yeux pleins de larmes, la voix tremblante de colère a vidé son sac, il raconta comment il eu honte de sortir le mouton de la chaloupe, honte de traverser l’île pour le guider à la maison familiale. Karim et les autres garçons l’accompagnaient tout le long du trajet avec des railleries aussi blessantes, les unes que les autres. Comment pouvaient-ils savoir ?
Personne ne leur avait dit. Personne n’avait pris soin d’enseigner Karim, Moussa et les autres garçons sur le sens de la fête. L’imam triste et peiné décida de préparer un sermon pour vendredi, les garçons seraient là accompagné des parents. Ses premiers mots créèrent la stupeur quand il contextualisa le sermon, les esprits se concentrèrent sur ses propos afin d’entendre, de bénéficier de l’enseignement qui devra être répété aux absents. A la fin de la prière les discussions traînèrent plus que d’habitude et pendant que les adultes parlaient des mesures à prendre. Karim et les autres garçons allèrent à la rencontre de Moussa et ils lui demandèrent pardon, ils se promirent de cesser ce pugilat et de manifester l’amour et la compréhension.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, une génération aurait pu oublier et passer à autre chose mais encore aujourd’hui on constate que la jeune génération observe sur cette île la compréhension, l’éducation est passé par là et Moussa, Karim et les autres ont mit un point d’honneur à la perpétuer.
* Moussa et Karim sont des personnages fictifs mais l’histoire est basé sur des faits réels. ** Cette histoire inspiré de l’article de Roger sur « Sénégal : tant vaut ton mouton, tant vaut ta Tabaski » est un pied de nez aux habitudes de la majorité.